Le propylène glycol, c’est quoi exactement dans votre e-liquide ?
Le propylène glycol (PG) fait partie des deux principaux composants d’un e-liquide, avec la glycérine végétale (VG). En résumé :
- PG = hit en gorge, fluidité du liquide, bon support d’arômes et de nicotine
- VG = vapeur dense, sensation douce, légèrement sucrée
La plupart des e-liquides « classiques » tournent autour de 50/50 PG/VG ou 60/40. Le PG n’est pas là par hasard : il aide à transporter la nicotine et les arômes, et donne cette sensation de « gratouille » en gorge que beaucoup d’ex-fumeurs recherchent.
Le souci, c’est que certaines personnes réagissent mal au PG. Pas forcément parce que la molécule est « toxique » dans les doses utilisées en vape, mais parce que leur organisme ne la tolère pas bien.
Allergie ou intolérance au propylène glycol : faire la différence
On parle souvent « d’allergie au PG » sur les forums, mais dans la pratique, on voit surtout :
- Des irritations dues à l’effet desséchant et irritant du PG
- Des intolérances (réaction de sensibilité, non allergique)
- Plus rarement, de vraies allergies (réaction immunitaire avérée)
Pourquoi c’est important ? Parce que :
- Une irritation ou une intolérance peuvent souvent être gérées en adaptant la vape (ratio PG/VG, matos, dosage)
- Une vraie allergie nécessite en général un éviction stricte du PG et un avis médical
Sans test médical (chez un allergologue), difficile de trancher à 100 %. Mais certains signes et contextes orientent : apparitions de plaques cutanées après contact avec des produits contenant du PG (cosmétiques, gels, sirops, etc.), antécédents d’eczéma de contact, réactions rapides et systématiques à chaque exposition.
Les symptômes possibles d’une réaction au PG
Les symptômes les plus souvent rapportés par les vapoteurs sensibles au PG sont les suivants.
Au niveau de la bouche et de la gorge :
- Gorge qui pique, gratte ou brûle de façon marquée
- Sensation de gorge « en carton » très sèche
- Toux irritative, surtout sur les premières bouffées
- Lèvres ou langue sèches, parfois petites fissures
Au niveau respiratoire :
- Sensation d’oppression ou d’inconfort en respirant
- Toux persistante, différente de la « toux du sevrage tabagique »
- Gêne thoracique à l’inhalation (surtout sur liquides très chargés en PG)
Au niveau cutané :
- Rougeurs ou démangeaisons localisées (autour de la bouche, des mains, du cou)
- Petites plaques eczémateuses, parfois suintantes
- Irritations là où le liquide a pu entrer en contact avec la peau
Autres manifestations possibles :
- Maux de tête après quelques minutes de vape
- Sensation de chaleur au visage
- Yeux qui piquent ou larmoient
Un point clé : si vous avez déjà ce type de réactions avec certains cosmétiques, gels douche, produits pharmaceutiques ou alimentaires contenant du PG, il est logique de suspecter un lien avec vos e-liquides.
Pourquoi le PG peut poser problème ?
Le PG est globalement considéré comme sûr aux doses usuelles, mais il a plusieurs caractéristiques qui peuvent gêner :
- Effet desséchant : il attire l’eau (humectant). Résultat : bouche et gorge plus sèches, muqueuses fragilisées.
- Effet irritant : en particulier à fort dosage, surtout chez les personnes sensibles ou asthmatiques.
- Risque de sensibilisation : à force d’expositions répétées, certaines personnes développent une hypersensibilité ou une allergie de contact.
On trouve aussi du PG dans beaucoup de produits du quotidien : déodorants, crèmes, sirops, liquides médicaux, certains aliments. Votre organisme n’en est donc pas à sa première rencontre, ce qui peut favoriser une sensibilisation chez une minorité de personnes.
Comment savoir si c’est vraiment le PG qui vous pose problème ?
Avant de pointer uniquement le PG du doigt, il faut garder en tête que d’autres éléments peuvent provoquer des réactions similaires :
- Arômes (certains sont plus irritants que d’autres)
- Nicotine (trop haut dosage = hit excessif, maux de tête, nausées)
- Glycérine végétale (VG) chez les personnes très sensibles, même si c’est plus rare
- Matériel (puissance trop élevée, vapeur trop chaude, tirage trop direct)
Quelques pistes pratiques pour y voir plus clair :
- Changer de ratio PG/VG : passez d’un 50/50 à un 30/70 ou 20/80 PG/VG et observez si les symptômes diminuent nettement.
- Tester un autre arôme : les mentholés et certains agrumes peuvent déjà être irritants, même avec peu de PG.
- Baisser la nicotine : un taux trop élevé renforce le hit et peut être confondu avec une irritation liée au PG.
- Consulter un allergologue : pour les cas sérieux, des tests cutanés (patch tests) permettent d’objectiver une allergie au PG.
Sans test médical, on reste sur un faisceau d’indices. Mais si vos symptômes disparaissent dès que vous passez sur un e-liquide très riche en VG (ou sans PG), le coupable est fortement suspect.
Adapter sa vape quand on est sensible au PG
On peut très souvent continuer à vapoter en limitant fortement le PG, voire en l’évitant totalement. L’idée n’est pas de tout arrêter du jour au lendemain, surtout si la vape vous a déjà permis de quitter le tabac, mais de modifier progressivement plusieurs paramètres.
1. Passer sur des e-liquides riches en VG
- Choisissez des liquides en 30/70 ou 20/80 PG/VG pour commencer.
- Si besoin, optez ensuite pour du 100 % VG (mais ils sont plus visqueux, donc pas compatibles avec tous les clearomiseurs).
- Surveillez la mention « high VG » ou « max VG » sur les étiquettes.
Plus il y a de VG, plus le liquide est épais, plus la vapeur est dense, mais plus le hit en gorge baisse. Il faudra parfois adapter le matériel en conséquence.
2. Adapter votre matériel
- Les liquides riches en VG passent mieux dans des résistances plus basses (subohm) et des arrivées de liquide larges.
- Si vous étiez sur un petit pod très orienté sels de nicotine en 50/50, un clearomiseur orienté inhalation directe restrictive avec liquides en 70 VG peut être plus adapté.
- En cas de 100 % VG, privilégiez le matériel explicitement compatible, sous peine de dry hits (résistance qui brûle) et d’encore plus d’irritations.
3. Revoir votre dosage de nicotine
En diminuant le PG, vous perdez naturellement du hit. Pour compenser sans tout ruiner :
- Si vous êtes sur des e-liquides en nicotine « classique », vous pouvez parfois monter légèrement le taux (ex : passer de 6 à 9 mg/ml), tout en gardant une puissance modérée.
- Les sels de nicotine donnent un hit plus doux que la nicotine classique pour un même taux, mais attention : ils sont souvent proposés dans des liquides très riches en PG. Cherchez des gammes « sels de nicotine high VG » si vous en trouvez, ou faites préparer vos liquides en DIY avec des boosters sels en base VG si vous savez ce que vous faites.
4. Simplifier les recettes
Plus la recette est complexe (mélanges de 6 arômes, additifs, sucrants, frais…), plus il y a de chances que l’un des composants vous irrite. Quelques pistes :
- Privilégiez les recettes simples : mono-arômes fruits, menthe douce, tabacs simples.
- Évitez les arômes très chargés en « frais » (koolada, menthol fort) au départ, ils peuvent masquer l’irritation ou l’aggraver.
- Méfiez-vous des additifs type sweeteners ou boosters de hit.
5. Boire davantage d’eau
La vape déshydrate déjà un peu. Avec du PG, l’effet est renforcé. Sans surjouer la gourde H24, adopter quelques réflexes simples aide :
- Boire régulièrement en petites quantités tout au long de la journée
- Éviter d’enchaîner de longues sessions de vape sans pause
- Limiter l’alcool et le café si vous avez déjà la bouche très sèche
Cas particulier : PG et e-liquides au CBD
Le CBD est souvent proposé dans des bases très riches en PG, car le cannabinoïde se dissout mieux dans ce type de support. Problème : si vous êtes sensible au PG, ce type de liquide risque de cumuler :
- Effet irritant du PG
- Hit parfois renforcé par le dosage en CBD
- Matériel type pod ou stylo peu compatible avec le high VG
Quelques solutions possibles :
- Choisir des gammes de CBD en 50/50 puis 30/70 si elles existent, et voir comment vous réagissez.
- Privilégier le CBD en cartouches pré-remplies formulées en high VG si la marque le propose, plutôt que de forcer un liquide inadapté sur votre matériel.
- Si vous faites du DIY, utiliser des boosters CBD sur base VG (quand c’est disponible) dans un e-liquide high VG que vous supportez bien.
Dans tous les cas, si vous constatez que c’est surtout le CBD qui déclenche vos irritations, alternez avec des sessions sans CBD pour voir si les symptômes diminuent.
Quand faut-il vraiment consulter un médecin ?
Modifier son ratio PG/VG ou son matériel ne dispense pas de vigilance. Certaines réactions ne doivent pas être prises à la légère.
Consultez rapidement un professionnel de santé si vous observez :
- Difficulté marquée à respirer, sifflements importants
- Gonflement des lèvres, de la langue, du visage
- Éruption cutanée généralisée, plaques qui s’étendent rapidement
- Vertiges, malaise, accélération importante du rythme cardiaque
Dans ces cas-là, on sort du simple inconfort et on se rapproche d’un tableau allergique potentiellement sérieux. L’arrêt immédiat de la vape est alors préférable, le temps d’avoir un avis médical.
Pour les symptômes plus modérés (gorge sèche, légère toux, irritations localisées), un médecin traitant ou un allergologue pourra :
- Vérifier qu’il n’y a pas une autre cause (infection, reflux, asthme, etc.)
- Proposer des tests si une allergie au PG est suspectée
- Vous aider à adapter votre stratégie d’arrêt du tabac (patchs, gommes, médicaments, vape high VG…)
La vape reste, selon les données disponibles, bien moins risquée que le tabac fumé. L’objectif est donc de trouver une configuration qui ne vous déclenche pas de réactions, pas de retourner vers la cigarette faute de solution.
Et si vous ne supportez vraiment pas le PG ?
Il existe des profils pour qui, même après tous les ajustements, le PG reste problématique. Dans ce cas, plusieurs options :
- Passer à des e-liquides 100 % VG : en vérifiant la compatibilité de votre matériel et en acceptant une vape plus douce, moins « frappante ».
- Limiter la vape à certains moments : par exemple, utiliser la vape en 100 % VG au travail, et des substituts nicotiniques (patchs, pastilles) le reste du temps.
- Tester d’autres substituts nicotiniques : si malgré tout votre gorge reste en feu, il est peut-être plus pertinent de miser sur un traitement médicamenteux d’aide à l’arrêt du tabac ou des patchs/gommes, plutôt que de s’acharner avec des e-liquides.
À noter : certains rares liquides utilisent des bases alternatives (par exemple du mono-propylène glycol d’origine végétale ou d’autres solvants utilisés en pharmacie). Pour l’instant, leur disponibilité reste limitée, et ils ne garantissent pas l’absence totale de réaction chez les personnes très sensibles.
Quelques repères pratiques à garder en tête
Pour résumer les points clés :
- Le PG n’est pas « poison », mais peut irriter ou sensibiliser une partie des vapoteurs.
- La plupart des soucis sont liés à une intolérance ou irritation, pas à une allergie grave.
- Les principaux signes : gorge et bouche très sèches, toux irritative, douleurs en gorge, rougeurs ou démangeaisons.
- Avant d’accuser uniquement le PG, pensez aux arômes, à la nicotine et au matériel.
- Adapter le ratio PG/VG, le matériel, le dosage et l’hydratation règle souvent le problème.
- Des symptômes respiratoires importants, des gonflements ou une éruption généralisée nécessitent un avis médical rapide.
- Si rien n’y fait, il existe des options en 100 % VG ou des substituts nicotiniques sans vape.
L’objectif reste le même : trouver le compromis le plus supportable et le moins risqué possible par rapport au tabac fumé. En cas de doute, mieux vaut en parler avec un professionnel de santé, en expliquant précisément ce que vous vapotez (taux de nicotine, ratio PG/VG, arômes, fréquence d’utilisation) pour avoir un avis adapté à votre situation.